Avec "Hyper", son premier album, Hervé nous a livré son âme en milliers de fragments, comme autant de mantras introspectifs et de refrains entêtants. Et s’il n’a pas hésité pas à laisser parfois le rythme prendre le pas sur le sens, c’est parce que le rythme pour lui c’est aussi du sens et que les sonorités sont des mots. C’est cet album qui lui a valu le prix de la meilleure révélation masculine aux Victoires de la Musique. En 2021, sa musique “Si Bien Du Mal" a été choisie par Carte Noire pour une campagne de pub et est devenue rapidement virale sur Tiktok. Pendant ce temps, Hervé a continué d’écrire avec une seule obsessions : se raconter avec une clarté renouvelée.   

Originaire d’une ville dortoir coincée entre Versailles et Trappes, Hervé a longtemps grandi à l’ombre de l’ennui. Et c’est d’abord dans le sport à haute dose, le football avant tout - dont son premier Ep tire son nom "Mélancolie F.C" - qu’il trouve le salut. Puis vient la musique. Entre temps, il y aura les moments de galère, les journées de travail sans lendemain comme cette expérience d’homme de ménage qu’il rejoue dans son clip "Le premier jour du reste de ma nuit". Écartelé à ses débuts entre le hip-hop et les musiques électroniques, Hervé s’essaie d’abord au beatmaking avant de fonder plus tard Postaal, un duo électro- pop franco-anglais salué en France comme outre-Manche. Lors d’une pause dans sa famille en Bretagne, entre deux tournées de Postaal, Hervé se remémore l’émoi de son tout premier concert juché sur les épaules de son père face à Jacques Higelin. Il passe à l’acte dans la foulée et s’essaie pour la première fois à chanter en français sur ses nouvelles productions. Hervé ne retournera plus en arrière. Dans son deuxième album "Intérieur Vie", Hervé a travaillé la musique à l’économie afin qu’aucune note ne soit inutile et que le texte prenne le dessus.

Le passé, le présent et le futur coexistent dans "Intérieur Vie" ; "D’où je viens" s’ouvre sur la noblesse d’un bagad breton et égrène des souvenirs d’enfance, d’aïeux et de parents, que l’on conserve pour toujours, comme des talismans. Hervé dresse le portrait photographique d’une jeunesse où l’on passe, en un claquement de doigt, "des coupes au bol aux gueules de bois". Une jeunesse, aussi, où l’ennui, quand vient la 25ème heure, sert de tremplin aux rêves les plus fous. Il puise dans tout ce qui l’a nourri : l’art du sample, l’élégance hédoniste de la French Touch et le hip-hop ludique des années 2000. Dans "Intérieur vie", on traverse aussi des brouillards qui ont avalé compagnons de route et illusions. Un seul mantra à marteler : "Tout ira mieux demain", titre poignant dont les carillons synthétiques renvoient les nécessaires lueurs.